


Le sanctuaire de Bétharram
Localisation
Le sanctuaire de Notre Dame de Bétharram est actuellement attaché à la commune de Lestelle-Bétharram. Elle est située à l’extrême Est des Pyrénées-Atlantiques, à la frontière entre le Béarn et la Bigorre. Pour mieux localiser ce lieu, il se trouve entre Pau, à 25 km, et Lourdes, à 19 km.

Un lieu de passage
Au pied du sanctuaire, coule le Gave de Pau. C’est le même torrent qui passe devant la grotte de Massabielle, à Lourdes, où la Sainte Vierge est apparue à Sainte Bernadette en 1858. À Bétharram, le Gave est étroit et tumultueux. C’est ici que les bergers choisissent de traverser, avec leurs troupeaux, la petite rivière pour passer des plaines de Montaut à l’herbe verdoyante des collines qui se dressent au pied des Pyrénées. À la belle saison, ils peuvent traverser à gué. Mais pendant la mauvaise saison, c’est chose impossible. Une passerelle, faite de trois longues poutres, sans pilier central, est jetée entre les deux berges du Gave. La date de sa construction n’est pas connue, mais son existence est attestée au début du XIVème siècle.

La statue miraculeuse
Comme l’endroit est dangereux, on a tôt fait d’ériger une petite chapelle et de confier le passage du pont à la Sainte Vierge. L’origine de la statue qui est vénérée dans cette « dévote chapelle » est miraculeuse. Alors que des petits bergers gardent leur troupeau sur le bord du torrent, ils découvrent, dans un buisson, une statue resplendissante de lumière. Comme le lieu de la découverte est étroit, les habitants décident de construire une première niche sur la rive opposée. Mais la statue revient à son endroit d’origine. Les villageois l’enferment alors dans l’église de Lestelle, tout proche. Rien n’y fait, la statue revient là où elle souhaite être vénérée. Les Lestellois finissent par construire l’édicule sur la rive gauche du Gave, la rive escarpée et sauvage, au pied de la colline de Gatarram.
La Réforme en Béarn
Notre Dame du Gatarram est vénérée pendant les XIVème et XVème siècles jusqu’à ce que la Réforme commence à toucher les princes du Béarn, au début du XVIème siècle. À ce moment, la statue miraculeuse semble avoir déjà disparu, sans que l’on sache si elle a été volée par des âmes mal intentionnées ou mise à l’abri, en Espagne comme Notre Dame de Sarrance, ou dans le plat pays de Nay, pour la protéger des premiers « briseurs d’images ». Les vents mauvais commencent à souffler sur le Béarn, état souverain, avec Margueritte de Navarre qui prête l’oreille aux théories de Luther et sa fille, Jeanne d’Albret, qui s’y convertit en 1560. Elles sont, respectivement, la grand-mère et la mère du futur roi de France, Henri IV. Jeanne d’Albret impose la Réforme dans la vicomté de Béarn par la force. C’est ainsi qu’en 1569, un commando de protestants vient mettre le feu à la dévote chapelle. Le culte catholique est interdit, mais les braves paysans n’ont pas oublié la foi de leurs pères et ils se réunissent clandestinement, la nuit, dans les ruines de l’antique chapelle.
Le culte catholique rétablit
En 1598, après huit guerres civiles menées au nom de la religion, l’édit de Nantes est signé par Henri IV devenu roi de France en 1589. Puis, l’édit de Fontainebleau de 1599 (à ne pas confondre avec celui de 1685 signé par Louis XIV et qui abroge l’édit de Nantes) permet le retour au culte catholique dans le Béarn, mais seulement pour 12 paroisses qui ne possèdent pas de ministre protestant. En 1605, le culte catholique est de nouveau autorisé sur tout le territoire du Béarn. Mais il faudra attendre 1614 pour que Marie de Médicis, la veuve d’Henri IV, accorde le relèvement de la chapelle au bord du Gave, 45 ans après l’incendie.
La croix victorieuse
En 1616, une fois la chapelle grossièrement reconstruite, d’après les témoignages de l’époque, le curé du lieu fit venir Mgr de Trappes pour qu’il l’inaugure. La pression des protestants est encore très forte dans ce nouveau coin de France, mais l’évêque installe une nouvelle statue de la Sainte Vierge et fait planter une grande croix au sommet de la colline de Gatarram pour signifier que ce pays est redevenu la propriété du Christ. Deux mois plus tard s’opère l’un des miracles qui a fait la réputation du sanctuaire. Cinq paysans s’affairaient dans un champ voisin. Le temps était calme mais, soudain, un coup de vent violent renverse la grande croix qui, aussitôt, se relève, nimbée d’un halo de lumière.

La jeune fille sauvée des eaux
A la même époque, une jeune fille tombe dans le Gave. Alors qu’elle allait périr, elle invoque la Sainte Vierge. Celle-ci lui apparaît en tenant son Divin Fils sur ses genoux. L’Enfant tend un rameau à la jeune fille qui est sauvée des eaux. En remerciement, la pastourelle offre un rameau d’or. Le sanctuaire prend alors le nom de Notre Dame de Bétharram, Notre Dame du Beau Rameau dans le dialecte local. C’est en 1616 que le nom est attesté pour la première fois.

Le renouveau
En 1621 arrive Hubert Charpentier. L’évêque de Lescar l’envoie à Bétharram pour relever le pèlerinage. Charpentier est un homme entreprenant : il érige trois grandes croix au sommet de la colline, il arrache la roche à la colline pour faire de la place à une nouvelle chapelle, celle que nous connaissons de nos jours, mais aussi à des bâtiments pour accueillir les pèlerins et les prêtres. On parle alors de Notre Dame du Calvaire. Les fêtes, les prédications et, surtout, l’enseignement de la foi catholique reprennent vie. Les chapelains sont de véritables entrepreneurs qui font travailler toute l’économie locale. En 1659, Saint Vincent de Paul, à qui avait été proposé la direction de Bétharram, décrit son pèlerinage comme le 3ème de France après Chartres et le Puy-en-Velay.
Le premier chemin de Croix
Dans la suite des travaux initiés par H. Charpentier, il faudra attendre 1716-1720 pour voir s’ériger le premier chemin de croix qui va de la chapelle au calvaire, en haut de la colline. Après le saccage de la Révolution, il ne reste que 2 vestiges de ce grand calvaire : le Christ à la Flagellation et une tête de la Sainte Vierge. Les XVIIème et XVIIIème siècles constituent l’âge d’or, le temps des grands chapelains, de Bétharram.

Sous la Révolution
Le sanctuaire n’échappe pas aux déprédations de la Révolution. Le mobilier et les terres furent vendus aux plus offrants à partir de 1791. Cette année-là, 40 capucins furent enfermés dans les bâtiments afin qu’ils ne nuisent pas à la diffusion des nouvelles théories laïques. Malgré cela, le peuple venait pour se confesser et communier. Les capucins ne se montraient pas, mais ils rayonnaient. En 1792, la chapelle murée, les chapelins dispersés, l’un des capucins, le père Joseph, se cache dans la région pour continuer son ministère héroïquement. La chapelle fut préservée, mais le chemin de croix péri en mars 1794.
Le petit séminaire
En 1805, Bétharram recouvre une nouvelle vie en la personne de l’abbé Procope Lassalle. Tout comme Hubert Charpentier, il veut réinstaurer les pèlerinages. En 1808, après 20 ans de troubles, le besoin d’instruction de la jeunesse est criant. L’abbé Lassalle, fort de son expérience personnelle, propose d’ouvrir un collège. Dès 1813, pour échapper aux rigueurs de l’Université et ne pas fermer, l’école devient une école de théologie. Le petit séminaire de Bétharram est né.
