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La Transverbération

Définition

Parmi les grâces mystiques constatées dans l'histoire de l'Eglise Catholique, la Transverbération (du latin transverberare "transpercer") correspond à une expérience extrêmement rare pendant laquelle le croyant a le cœur littéralement transpercer par l'Amour de Dieu.

La plaie d'Amour peut être réalisée par une épée, une flèche, une lance ou un dard enflammé. Généralement, ceux qui ont vécu cette expérience surnaturelle présentent aussi les stigmates visibles de la Passion (mains, pieds, front).

Les récits de Transverbération sont peu nombreux et se limiteraient à une douzaine de cas dont les plus connus sont ceux de Sainte Thérèse d'Avila, Saint Padre Pio et Sainte Marie de Jésus Crucifié.

Sainte Thérèse d'Avila transverbérée

Particularités

Contrairement à Sainte Thérèse d'Avila, Sainte Marie de Jésus Crucifié n'a pas écrit elle-même le récit de sa Transverbération. Ce sont les témoins occulaires, ses soeurs du Carmel de Pau, qui nous le rapporte. Dans sa biographie, le Père Estrate, transcrit leur témoignage intégral.

Par ailleurs, ce n'est pas un chérubin, ou un ange, qui lui impose cette douleur sublime, mais c'est le Christ Lui-même : "Mère Thérèse, Jésus a transpercé mon cœur !" s'exclame-t-elle en s'adressant à Sainte Thérèse d'Avila.

Point commun avec Sainte Thérèse d'Avila

Pour les deux carmélites, leur cœur a été extrait. Pour Sainte Thérèse, cela a été fait 10 ans après sa mort. Pour Sainte Mariam, le cœur a été extrait seulement quelques heures après son décès.

Dans les deux cas, une plaie traversait le cœur de part en part. Elles n'auraient pas dû survivre à une telle blessure.

L'ablation du coeur de Sainte Mariam​

Extrait de la biographie du Père Estrate (Chapitre XVIII, p. 349 de l'édition 1916) : 

Nous avions prévenu le chirurgien qui la soignait et qui vint, vers huit heures, procéder à l'ouverture du corps. Aussitôt qu'il vit le cœur, il y remarqua comme une cicatrice ; avant de l'enlever, il appela nos deux Pères et il nous a fait voir à tous une ouverture dont les deux bords paraissaient desséchés, ce qui prouve, ajoutait-il, que cette ouverture n'a pas été faite pendant l'opération.

Le Père Belloni lui fit cette réflexion : « Mais est-ce qu'une maladie ne peut pas faire cela ? » - « Non, répondit-il, ce cœur n'a jamais été malade. »

On le déposait dans un plat au moment où quatre prêtres du Patriarcat et bientôt un cinquième entraient à l'infirmerie, sur la demande du chirurgien, pour servir de témoins. [...] Tous ont pu examiner à loisir le cœur ; une constatation de ce qui s'est passé sera écrite par ces messieurs.

Un jour plus tard, le chirurgien nous fit encore remarquer que la blessure traversait le cœur de part en part, laissant à l'un des côtés une ouverture moins large.

Carmel de Pau - Ermitage de la Transverbération

Ermitage de Notre Dame du Mont Carmel - Lieu de la Transverbération

Récit de la Transverbération

Extrait de la biographie du Père Estrate (Chapitre V, p. 80-81 de l'édition 1916) : 

Sœur Marie avait été chargée par la Prieure d’orner l’ermitage dédié à Notre-Dame du Mont-Carmel. Rien ne pouvait lui être plus agréable. Tout ce qu’il y avait de plus beau et de plus frais dans la nature était pour sa Mère du ciel. Chaque jour, elle profitait du premier moment libre pour le passer aux pieds de la très sainte Vierge. Le 24 mai de cette année 1868, plusieurs sœurs s’étaient rendues dans cet ermitage pour réciter le Rosaire. Elles y trouvèrent la petite novice qui priait avec sa ferveur ordinaire ; son cœur s’enflammait et paraissait déborder d’amour ; elle était ravie et éclatait en transports : « Ô amour, ô amour ! » s’écrie-t-elle. Elle s’entretient d’abord avec saint Paul ; ensuite avec une religieuse : « De quel Ordre êtes-vous ? » lui demande la novice avec une parfaite aisance. – « Je suis de l’Ordre de Sainte-Marie », répond la religieuse. – « Dites-moi votre nom », reprend sœur Marie. L’inconnue refuse. La novice insiste et, pour la décider à le faire : « Je vais vous dire, la première, mon nom, afin que vous me disiez le vôtre ; sur la terre, je m’appelle la pécheresse, au ciel je suis la fille de Marie du Bien-Aimé ». Leur colloque dura quelques instants sans que l’inconnue donnât réponse sur ce point ; puis vinrent d’autres saints et saintes ; mais Celui que la novice cherchait n’était pas là et il lui fallait Jésus, c’est Lui qu’elle appelait : « Mon Bien-Aimé, où êtes-Vous ? Qui a vu mon Bien-Aimé ? Je l’ai cherché et je ne L’ai pas trouvé. Mon Bien-Aimé, je marche, je cours, je pleure, je n’ai pas trouvé mon Bien-Aimé. Ô Jésus, mon Amour, je ne puis vivre sans Vous ! Où êtes-Vous, mon Bien-Aimé ? Qui a vu mon Jésus ? Qui a trouvé mon Bien-Aimé ? Vous le savez, mon Amour, toute la terre ne m’est rien sans Vous, toute l’eau de la mer ne suffirait pas à rafraîchir mon cœur. » Attiré par de pareils accents, Jésus se montre ; Il lui transperce le cœur, comme autrefois l’ange avait transpercé celui de sainte Thérèse, et cette blessure l’enivre de joie et de souffrance. À genoux, les yeux fixés sur l’unique objet de sa tendresse, elle soulève le saint habit à l’endroit du cœur en criant : « Assez, assez, ô Jésus, je n’en puis plus ; je vais mourir de douleur et de ravissement ». Un instant après, elle ajoute avec un sourire céleste : « Qui a consolé mon cœur ? C’est Vous, mon Bien-Aimé. Qui l’a rafraîchi ? C’est Vous, mon Amour. » Elle prie ensuite pour le Saint-Père, pour les cardinaux, pour les évêques, pour tout le clergé, pour les rois, pour les magistrats, pour le peuple, pour les Ordres religieux, en particulier pour la communauté. Apercevant sainte Thérèse, elle lui crie : « Mère Thérèse, Jésus a transpercé mon cœur ! »

Jamais, dans son état ordinaire, elle ne parla de cette grâce ; elle lava longtemps en secret le linge qui lui servait à essuyer la plaie saignante de son côté. Surprise un jour pendant cette action, elle dut tout avouer à la Prieure. Ses souffrances paraissant plus vives que par le passé, on y appliqua des linges, et on s’aperçut que le sang y avait imprimé une croix très nette légèrement inclinée sur la gauche, au pied de laquelle se voyaient deux signes, où il semble assez naturel de lire un O et un J, peut-être : Ô Jésus !

Carmel de Pau - Plaque de commémoration de la Transverbération de Sainte Marie de Jésus Crucifié
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